Axe 2 :  Polémiques et controverses : frontières religieuses, idéologiques et culturelles dissensus et consensus  (Europe des Suds, Amérique et Afrique hispanophones et lusophones)

 

Responsable : Anita Gonzalez-Raymond

A.2.1- Les mots de l’intolérance
A.2.2- Expérience historique et narration
A.2.3- Tensions et conflits

 

A.2.1- Les mots de l’intolérance

Le programme débutera en 2015 par un premier cycle de travaux sur «les mots de l’intolérance» qui se situe ans le prolongement des travaux sur l’Inquisition espagnole développés au cours des dernières années. Le champ sera élargi à d’autres situations analogues dans les divers pays des Suds.
Si l’on se tourne vers l’espace occitan, on sait que c’est là, à l’issue de la croisade contre les Albigeois, que l’Inquisition est apparue pour la première fois, contre les cathares et les vaudois. On sait aussi que c’est dans le sud du Royaume que le protestantisme a trouvé ses plus forts bastions à partir du XVIe siècle. Sans oublier la question de la sorcellerie, ou celle des Juifs du Comtat. L’étude de la façon dont ces dissidences religieuses ont été traitées peut s’appuyer non seulement sur les sources judiciaires mais aussi sur toute une littérature polémique dénonçant l’hérésie en occitan, depuis Las novas de l’heretge des années 1240 jusqu’à la littérature anti-protestante des XVIe et XVIIe siècles.
Un travail comparatif sur les procédures et les écrits dans les différents pays concernés par la répression de la dissidence religieuse permettrait de dégager à la fois ce qui est commun à l’appareil répressif et à sa propagande et ce qui est spécifique à chacune des sociétés concernées.

Dans le domaine de l’histoire moderne hispanique, est envisagée l’analyse d’une série de traités : traités contre les maures et les Juifs (antialcoranes, disputas, catecismos para moriscos…), traités sur la limpieza de sangre.

Nous aborderons aussi la question de l’hérésie (hérésies médiévales / hérésie inquisitoriale, analyse des manuels de procédure…) dans une perspective comparatiste. Ce programme est en relation avec les programme du CIER (Centre Interdisciplinaire d’Étude du Religieux) hébergé par la MSH-M « Le fait religieux interrogé par les chercheurs. Constructions disciplinaires ».

A.2.2- Expérience historique et narration

Le deuxième volet débutera par une réflexion sur les catégories de description et de narration de l’expérience historique dans l’Espagne contemporaine. Il ne s’agit pas seulement de poursuivre un travail sur les représentations culturelles de l’Histoire en l’occurrence conflictuelle du XXesiècle ni seulement d’analyser l’évolution des formes discursives ou des frontières de genres à travers des objets textuels (témoignages, romans) ou cinématographiques liés à cette Histoire. Il s’agit aussi d’analyser comment les formes – les mots et les images – qui disent l’Histoire contemporaine sont enjeux de conflits et enjeux de savoir. Et donc d’étudier pourquoi et comment pèsent sur la nomination, la qualification de l’expérience historique, par les différents acteurs de l’Histoire (institutions, groupes sociaux et individus impliqués) des luttes de mots et des rapports de domination.
Par conséquent, ce programme a pour ambition d’observer dans quelles conditions et avec quels moyens s’opèrent, dans les narrations liées à l’Histoire contemporaine, la transgression de cet ordre des discours, voire la requalification de certains acteurs ou de certaines actions. L’objet est donc l’histoire de ces luttes de mots. Ce travail sur l’historicité des catégories discursives nous amènera à réfléchir à la polysémie ou à l’oblitération de certains mots devenus problématiques ou inaudibles (par exemple des mots comme « démocratie », « République », « révolution », pour ce qui est du XXe et du XXIe siècle). À l’inverse, il invite à analyser la construction de récits consensuels qui imposent des lexiques, des figures et des stratégies d’énonciation (ainsi les langues du dommage et de la réconciliation dans les discours liés à la violence politique).
Ce questionnement sur les formes et sur la finalité des discours pourra également être envisagé sous l’angle du genre.

A.2.3-Tensions et conflits

Ce troisième volet sollicitera plusieurs domaines, plusieurs temps, plusieurs espaces : dictature au Portugal, guerre, dictature et transition en Espagne, fascisme et conflictualité des années de plomb en Italie, dictatures du cône Sud.
Il sera abordé à travers des récits personnels (témoignages écrits ou oraux), des écrits institutionnels (archives judiciaires, policières, militaires…), des formes littéraires ou cinématographiques, les médias, mais aussi les musées ou les lieux de mémoire ; en effet, il est pertinent d’interroger la façon dont la scénographie et la patrimonialisation des traces de l‘Histoire fabriquent un récit national qui neutralise les clivages.
Nous serons par ce biais amenés à poser des questions liées à l’historiographie contemporaine : quels sujets, quelles sources, quelles catégories ? Cette interrogation sur l’historiographie doit permettre aux contemporanéistes et aux modernistes un travail conjoint.

 

Dernière mise à jour : 28/02/2020